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Partie 1 : Chaleur

Stabilité

La compréhension de notre monde physique fait partie de nos plus grandioses réalisations en tant qu'humains. Comment mettre aujourd'hui ces connaissances à profit pour faire face au changement climatique ?

Racontée par
  • Devika Bakshi

L'environnement qui a vu apparaître les premiers humains était résolument hostile. Durant plusieurs dizaines de milliers d'années, le climat de la Terre a été en proie à de constantes évolutions, passant progressivement d'une ère de froid glaciaire à celle d'une chaleur tempérée. Partout où nos ancêtres se déplaçaient, ils vivaient en communion avec les forces de la nature, en pleine conscience et engagés dans le monde physique.

Si l'on rencontre encore aujourd'hui sur Terre des communautés humaines qui célèbrent des traditions anciennes et entretiennent un lien profond avec leur environnement, force est de constater que la plupart des gens se sont détournés de cette sorte d'intimité avec le milieu naturel. Quels sont les facteurs qui ont poussé nos ancêtres à cesser d'être nomades, à se fixer et à mettre au point des infrastructures et une agriculture ? Tout relève, à vrai dire, d'une chance miraculeuse.

Il y a quelque 12 000 ans, en effet, le climat s'est stabilisé. Plus aucun lieu sur Terre ou presque n'est alors devenu ni trop chaud ni trop froid pour dissuader l'homo sapiens de s'y installer et d'y prospérer. Depuis cette période, les températures et les précipitations ont certes varié d'une année sur l'autre, mais leurs moyennes sont restées semblables, tout comme leurs valeurs extrêmes. En consignant de différentes manières les températures, précipitations, tempêtes, marées et saisons, l'humain a appris à anticiper les événements les plus probables et à identifier les événements rares contre lesquels il devait se prémunir. Petit à petit, il s'est habitué à faire confiance à ces rythmes réguliers et à s'en servir comme socle pour bâtir des civilisations, plusieurs milliers d'années avant que quiconque ne cherche à comprendre la raison pour laquelle le climat était stable.

Cette invariabilité du climat est devenue un présupposé à partir duquel nous avons bâti tout ce qui nous entoure. Les agriculteurs et les citadins des régions sèches comptent ainsi sur la fonte des neiges des montagnes lointaines pour alimenter l'irrigation et l'eau potable. Certaines communautés pratiquent la transhumance en cours d'année afin de suivre les schémas prévisibles des conditions météorologiques et des migrations animales, et assurer ainsi leur subsistance et leur survie. Les réseaux électriques et routiers ont été conçus pour résister à un nombre limité de jours pendant lesquels certains seuils de température spécifiques sont franchis. Chaque communauté possède ses propres repères culturels, qu'il s'agisse d'aliments spécifiques disponibles à différentes périodes de l'année, ou de cérémonies, événements sportifs et autres célébrations dont le calendrier repose sur la répétition historique du temps qu'il fait.

L'environnement qui a vu apparaître les premiers humains était résolument hostile. Durant plusieurs dizaines de milliers d'années, le climat de la Terre a été en proie à de constantes évolutions, passant progressivement d'une ère de froid glaciaire à celle d'une chaleur tempérée. Partout où nos ancêtres se déplaçaient, ils vivaient en communion avec les forces de la nature, en pleine conscience et engagés dans le monde physique.

Si l'on rencontre encore aujourd'hui sur Terre des communautés humaines qui célèbrent des traditions anciennes et entretiennent un lien profond avec leur environnement, force est de constater que la plupart des gens se sont détournés de cette sorte d'intimité avec le milieu naturel. Quels sont les facteurs qui ont poussé nos ancêtres à cesser d'être nomades, à se fixer et à mettre au point des infrastructures et une agriculture ? Tout relève, à vrai dire, d'une chance miraculeuse.

Il y a quelque 12 000 ans, en effet, le climat s'est stabilisé. Plus aucun lieu sur Terre ou presque n'est alors devenu ni trop chaud ni trop froid pour dissuader l'homo sapiens de s'y installer et d'y prospérer. Depuis cette période, les températures et les précipitations ont certes varié d'une année sur l'autre, mais leurs moyennes sont restées semblables, tout comme leurs valeurs extrêmes. En consignant de différentes manières les températures, précipitations, tempêtes, marées et saisons, l'humain a appris à anticiper les événements les plus probables et à identifier les événements rares contre lesquels il devait se prémunir. Petit à petit, il s'est habitué à faire confiance à ces rythmes réguliers et à s'en servir comme socle pour bâtir des civilisations, plusieurs milliers d'années avant que quiconque ne cherche à comprendre la raison pour laquelle le climat était stable.

Cette invariabilité du climat est devenue un présupposé à partir duquel nous avons bâti tout ce qui nous entoure. Les agriculteurs et les citadins des régions sèches comptent ainsi sur la fonte des neiges des montagnes lointaines pour alimenter l'irrigation et l'eau potable. Certaines communautés pratiquent la transhumance en cours d'année afin de suivre les schémas prévisibles des conditions météorologiques et des migrations animales, et assurer ainsi leur subsistance et leur survie. Les réseaux électriques et routiers ont été conçus pour résister à un nombre limité de jours pendant lesquels certains seuils de température spécifiques sont franchis. Chaque communauté possède ses propres repères culturels, qu'il s'agisse d'aliments spécifiques disponibles à différentes périodes de l'année, ou de cérémonies, événements sportifs et autres célébrations dont le calendrier repose sur la répétition historique du temps qu'il fait.

Facteurs déterminants du climat terrestre

La lumière du soleil transporte de l'énergie vers la Terre. Les nuages renvoient environ un quart de cette énergie dans l'espace. Une partie de cette énergie est absorbée par l'atmosphère, tandis que l'autre moitié atteint la surface du globe. Les glaciers enneigés et l'océan Arctique sont fortement réfléchissants, tandis que les mers bleu foncé absorbent la chaleur comme le font des vêtements de couleur sombre.

L'énergie ainsi absorbée réchauffe la Terre. Une partie de cette chaleur est restituée vers l'espace sous forme de rayonnement. Certains gaz, dont le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4), retiennent partiellement cette chaleur. Sans cela, nos nuits seraient extraordinairement froides.

Crédit : Berke Yazicioglu

Un équilibre perturbé

La glorieuse harmonie dont nous dépendons est menacée par les activités humaines, au premier rang desquelles figure la combustion de matières fossiles. La quantité d'énergie solaire qui frappe la Terre n'a pas varié au cours des dernières décennies, contrairement au CO2 atmosphérique dont la concentration s'est accrue de façon spectaculaire, emmagasinant toujours davantage de chaleur.

L'exemple sans doute le plus probant des effets liés à l'augmentation des gaz à effet de serre est le fait que les nuits tendent à moins se rafraîchir une fois que la chaleur de la journée se dissipe. Pour prendre le cas des États-Unis, deux fois plus de records de températures nocturnes ont été enregistrés que de records de températures diurnes au cours de ces 30 dernières années.

Ces températures plus élevées perturbent également les schémas saisonniers, ce qui se traduit par des hivers plus tardifs et des printemps plus précoces. Un événement saisonnier culturel particulier, connu dans le monde entier, en est un exemple poignant : depuis plus de 1 000 ans, les habitants de Kyoto, au Japon, consignent la date à laquelle les cerisiers locaux atteignent leur pleine floraison. Jusqu'à présent, cela s'était toujours produit aux alentours du 15 avril. Or, en 2021, les cerisiers kyotoïtes ont vu leurs fleurs éclore dès le 26 mars, une date antérieure à toutes les autres années de l'histoire.

Les effets du réchauffement ne se limitent donc pas aux seules températures, mais concernent en réalité l'ensemble des phénomènes météorologiques. La hausse des températures joue en particulier sur les précipitations : chaque fois que l'air se réchauffe de 1 °C, il se charge de 7 % d'humidité en plus. L'air plus chaud extrait davantage d'humidité du sol (ainsi que des plantes, des animaux et de notre corps, sous forme de sueur) et tend à la libérer plus rapidement. En conséquence, les sécheresses et les pluies diluviennes deviennent de plus en plus fréquentes.

Des points de basculement de plus en plus proches

Durant des centaines de millions d'années, la lumière du soleil a alimenté la croissance des végétaux, dont une partie a été enfouie dans les marécages et les fonds marins, pour y être finalement comprimée sous forme de matières fortement carbonées telles que le charbon, le pétrole et le méthane. Ce carbone est également emmagasiné dans les arbres, les plantes et le sol et piégé dans des surfaces gelées appelées pergélisol, ou permafrost, en Arctique.

Lorsque ces réserves sont libérées sous l'effet de la chaleur, elles disséminent ce carbone d'origine ancienne en accentuant d'autant le phénomène de réchauffement. L'accélération de cette élévation thermique peut être à l'origine d'immenses incendies de forêt, ou provoquer le dégel de la toundra. Davantage de carbone est alors émis, ce qui accentue encore le réchauffement, un cycle infernal qui porte le nom de boucle de rétroaction biotique.

Les scientifiques ayant jadis anticipé les conséquences de l'augmentation des gaz à effet de serre à partir des archives paléoclimatiques ont compris que de telles boucles de rétroaction constituaient un risque, mais celui-ci leur paraissait alors lointain. Il y a encore une décennie, la plupart des scientifiques estimaient qu'en deçà de 2 °C de réchauffement climatique, ces cycles n'étaient pas à craindre. C'est l'une des raisons pour lesquelles de nombreux modèles climatiques actuels n'intègrent toujours pas cette dynamique dans leurs calculs.

Ces dernières années, cependant, le dégel permafrost a atteint une rapidité alarmante. Les incendies de forêt se sont eux aussi déclarés sur des superficies plus étendues et avec des températures supérieures, en couvrant davantage de mois de l'année, y compris dans des régions auparavant peu coutumières de tels phénomènes. Peu à peu, les vastes réserves de carbone piégées à la surface terrestre sont libérées dans l'atmosphère plus rapidement qu'elles ne peuvent être compensées par les processus naturels. Dès lors, on voit poindre le risque que cette stabilité ne se perde de façon irréversible. Le fait est que nous ne sommes pas préparés à cette perspective.

La plupart des réflexions sur l'avenir partent du postulat que, même si une atmosphère plus chaude s'avère problématique, les températures se stabiliseront dès que nous cesserons d'émettre du carbone, probablement à 2,5 ou 3 °C, voire 4 °C au-dessus des niveaux stables dont nous avons hérité. Cette hypothèse n'est pas infondée dans la mesure où l'histoire nous a donné l'impression que la stabilité était fondamentalement acquise. Néanmoins, les boucles de rétroaction biotiques s'ajoutent d'ores et déjà aux émissions humaines et engendrent une dynamique supplémentaire de réchauffement et d'instabilité. Ce défi sans précédent appelle l'adoption d'un état d'esprit qui accorde la priorité au risque. Le bon côté des choses est que nous connaissons l'origine des risques émergents et que nous avons le pouvoir de les influencer.

Un équilibre perturbé

La glorieuse harmonie dont nous dépendons est menacée par les activités humaines, au premier rang desquelles figure la combustion de matières fossiles. La quantité d'énergie solaire qui frappe la Terre n'a pas varié au cours des dernières décennies, contrairement au CO2 atmosphérique dont la concentration s'est accrue de façon spectaculaire, emmagasinant toujours davantage de chaleur.

L'exemple sans doute le plus probant des effets liés à l'augmentation des gaz à effet de serre est le fait que les nuits tendent à moins se rafraîchir une fois que la chaleur de la journée se dissipe. Pour prendre le cas des États-Unis, deux fois plus de records de températures nocturnes ont été enregistrés que de records de températures diurnes au cours de ces 30 dernières années.

Ces températures plus élevées perturbent également les schémas saisonniers, ce qui se traduit par des hivers plus tardifs et des printemps plus précoces. Un événement saisonnier culturel particulier, connu dans le monde entier, en est un exemple poignant : depuis plus de 1 000 ans, les habitants de Kyoto, au Japon, consignent la date à laquelle les cerisiers locaux atteignent leur pleine floraison. Jusqu'à présent, cela s'était toujours produit aux alentours du 15 avril. Or, en 2021, les cerisiers kyotoïtes ont vu leurs fleurs éclore dès le 26 mars, une date antérieure à toutes les autres années de l'histoire.

Les effets du réchauffement ne se limitent donc pas aux seules températures, mais concernent en réalité l'ensemble des phénomènes météorologiques. La hausse des températures joue en particulier sur les précipitations : chaque fois que l'air se réchauffe de 1 °C, il se charge de 7 % d'humidité en plus. L'air plus chaud extrait davantage d'humidité du sol (ainsi que des plantes, des animaux et de notre corps, sous forme de sueur) et tend à la libérer plus rapidement. En conséquence, les sécheresses et les pluies diluviennes deviennent de plus en plus fréquentes.

Des points de basculement de plus en plus proches

Durant des centaines de millions d'années, la lumière du soleil a alimenté la croissance des végétaux, dont une partie a été enfouie dans les marécages et les fonds marins, pour y être finalement comprimée sous forme de matières fortement carbonées telles que le charbon, le pétrole et le méthane. Ce carbone est également emmagasiné dans les arbres, les plantes et le sol et piégé dans des surfaces gelées appelées pergélisol, ou permafrost, en Arctique.

Lorsque ces réserves sont libérées sous l'effet de la chaleur, elles disséminent ce carbone d'origine ancienne en accentuant d'autant le phénomène de réchauffement. L'accélération de cette élévation thermique peut être à l'origine d'immenses incendies de forêt, ou provoquer le dégel de la toundra. Davantage de carbone est alors émis, ce qui accentue encore le réchauffement, un cycle infernal qui porte le nom de boucle de rétroaction biotique.

Les scientifiques ayant jadis anticipé les conséquences de l'augmentation des gaz à effet de serre à partir des archives paléoclimatiques ont compris que de telles boucles de rétroaction constituaient un risque, mais celui-ci leur paraissait alors lointain. Il y a encore une décennie, la plupart des scientifiques estimaient qu'en deçà de 2 °C de réchauffement climatique, ces cycles n'étaient pas à craindre. C'est l'une des raisons pour lesquelles de nombreux modèles climatiques actuels n'intègrent toujours pas cette dynamique dans leurs calculs.

Ces dernières années, cependant, le dégel permafrost a atteint une rapidité alarmante. Les incendies de forêt se sont eux aussi déclarés sur des superficies plus étendues et avec des températures supérieures, en couvrant davantage de mois de l'année, y compris dans des régions auparavant peu coutumières de tels phénomènes. Peu à peu, les vastes réserves de carbone piégées à la surface terrestre sont libérées dans l'atmosphère plus rapidement qu'elles ne peuvent être compensées par les processus naturels. Dès lors, on voit poindre le risque que cette stabilité ne se perde de façon irréversible. Le fait est que nous ne sommes pas préparés à cette perspective.

La plupart des réflexions sur l'avenir partent du postulat que, même si une atmosphère plus chaude s'avère problématique, les températures se stabiliseront dès que nous cesserons d'émettre du carbone, probablement à 2,5 ou 3 °C, voire 4 °C au-dessus des niveaux stables dont nous avons hérité. Cette hypothèse n'est pas infondée dans la mesure où l'histoire nous a donné l'impression que la stabilité était fondamentalement acquise. Néanmoins, les boucles de rétroaction biotiques s'ajoutent d'ores et déjà aux émissions humaines et engendrent une dynamique supplémentaire de réchauffement et d'instabilité. Ce défi sans précédent appelle l'adoption d'un état d'esprit qui accorde la priorité au risque. Le bon côté des choses est que nous connaissons l'origine des risques émergents et que nous avons le pouvoir de les influencer.

Imagination et préparation

Chaque individu possède l'expérience nécessaire pour se représenter les conséquences du changement climatique. Imaginez des nuits chaudes et humides, la fonte des glaces, des torrents de pluie au lieu de douces averses, des périodes de sécheresse et des journées hivernales étrangement chaudes. Nous comprenons par ailleurs suffisamment bien notre Terre et ses systèmes pour être capables d'émettre des projections sur ce qui est amené à se produire sur une planète en plein réchauffement.

Au cours des 40 dernières années, les modèles climatiques ont prédit avec précision la portée et l'ampleur des changements climatiques mondiaux. Nulle science n'est cependant parfaite, et plus notre climat s'éloigne de sa norme historique, plus il devient difficile de prévoir avec fidélité les situations extrêmes au travers des modèles d'évaluation existants. Dans le meilleur des cas, ceux-ci nous permettent d'acquérir une vision générale de ce à quoi nous pouvons nous attendre, afin de planifier les futurs auxquels nous ne pourrons probablement pas échapper. Ils peuvent également nous inciter à prévenir les futurs susceptibles d'inclure des conséquences ingérables.

Les modèles climatiques nous indiquent quelles concentrations atmosphériques de CO2 et de méthane (CH4) sont susceptibles d'engendrer tels ou tels phénomènes thermiques et météorologiques. Ai lieu d'appliquer ces modèles dans un objectif de temporalité, nous les utilisons donc pour répondre à la question suivante : « Quels phénomènes météorologiques ces modèles prévoient-ils à différents niveaux de réchauffement atmosphérique, tels que 1,5, 2,0 et 3,0 °C ? ». Cette approche permet d'exploiter les modèles conformément à leur vocation initiale, en soulignant le fait que le moment à partir duquel la Terre atteindra un niveau de réchauffement donné, ainsi que sa probabilité, dépendent entièrement de nos actes.

Lorsque vous consultez nos cartes interactives, tenez compte des liens avec l'espace. Nous avons tous pu constater que la météo migrait d'une région à l'autre. Nous avons tous ressenti à quel point des événements politiques, économiques et de santé publique qui prennent naissance à un endroit donné pouvaient avoir des répercussions à des distances considérables. Si vous préparez votre maison aux changements climatiques locaux, mais que vos voisins, votre ville ou votre fournisseur d'électricité ne le font pas, dans quelle mesure serez-vous prêt ?

De nombreuses autres connexions pour lesquelles nous avons des perceptions limitées permettent aux systèmes naturels qui nous entourent de fonctionner. C'est notamment le cas de la migration de la faune, du mouvement des nutriments en milieu aérien et aquatique, ou encore des courants océaniques. C'est pourquoi il est plus utile d'étudier le changement climatique à l'aide de mappemondes capables de zoomer sur des continents, des régions et des zones spécifiques. En limitant votre observation à des cartes du monde, vous passez à côté de changements importants ; mais si vous tenez uniquement compte des conditions locales, vous risquez de négliger certaines connexions significatives.

La chaleur à l'origine de tout

Si les concentrations de gaz à effet de serre poursuivent leur augmentation, nous courons le risque de perdre quelque chose de précieux. L'avenir de notre planète et de nos civilisations est suspendu à un phénomène : la chaleur.

Imagination et préparation

Chaque individu possède l'expérience nécessaire pour se représenter les conséquences du changement climatique. Imaginez des nuits chaudes et humides, la fonte des glaces, des torrents de pluie au lieu de douces averses, des périodes de sécheresse et des journées hivernales étrangement chaudes. Nous comprenons par ailleurs suffisamment bien notre Terre et ses systèmes pour être capables d'émettre des projections sur ce qui est amené à se produire sur une planète en plein réchauffement.

Au cours des 40 dernières années, les modèles climatiques ont prédit avec précision la portée et l'ampleur des changements climatiques mondiaux. Nulle science n'est cependant parfaite, et plus notre climat s'éloigne de sa norme historique, plus il devient difficile de prévoir avec fidélité les situations extrêmes au travers des modèles d'évaluation existants. Dans le meilleur des cas, ceux-ci nous permettent d'acquérir une vision générale de ce à quoi nous pouvons nous attendre, afin de planifier les futurs auxquels nous ne pourrons probablement pas échapper. Ils peuvent également nous inciter à prévenir les futurs susceptibles d'inclure des conséquences ingérables.

Les modèles climatiques nous indiquent quelles concentrations atmosphériques de CO2 et de méthane (CH4) sont susceptibles d'engendrer tels ou tels phénomènes thermiques et météorologiques. Ai lieu d'appliquer ces modèles dans un objectif de temporalité, nous les utilisons donc pour répondre à la question suivante : « Quels phénomènes météorologiques ces modèles prévoient-ils à différents niveaux de réchauffement atmosphérique, tels que 1,5, 2,0 et 3,0 °C ? ». Cette approche permet d'exploiter les modèles conformément à leur vocation initiale, en soulignant le fait que le moment à partir duquel la Terre atteindra un niveau de réchauffement donné, ainsi que sa probabilité, dépendent entièrement de nos actes.

Lorsque vous consultez nos cartes interactives, tenez compte des liens avec l'espace. Nous avons tous pu constater que la météo migrait d'une région à l'autre. Nous avons tous ressenti à quel point des événements politiques, économiques et de santé publique qui prennent naissance à un endroit donné pouvaient avoir des répercussions à des distances considérables. Si vous préparez votre maison aux changements climatiques locaux, mais que vos voisins, votre ville ou votre fournisseur d'électricité ne le font pas, dans quelle mesure serez-vous prêt ?

De nombreuses autres connexions pour lesquelles nous avons des perceptions limitées permettent aux systèmes naturels qui nous entourent de fonctionner. C'est notamment le cas de la migration de la faune, du mouvement des nutriments en milieu aérien et aquatique, ou encore des courants océaniques. C'est pourquoi il est plus utile d'étudier le changement climatique à l'aide de mappemondes capables de zoomer sur des continents, des régions et des zones spécifiques. En limitant votre observation à des cartes du monde, vous passez à côté de changements importants ; mais si vous tenez uniquement compte des conditions locales, vous risquez de négliger certaines connexions significatives.

La chaleur à l'origine de tout

Si les concentrations de gaz à effet de serre poursuivent leur augmentation, nous courons le risque de perdre quelque chose de précieux. L'avenir de notre planète et de nos civilisations est suspendu à un phénomène : la chaleur.